Sandōkai (3)
23 septembre 2023, 20 h
Le Sandōkai est le parfait résumé de la voie du zen. Il commence ainsi :
L'esprit du sage de l'Inde s'est transmis intimement de l'Ouest à l'Est.
Vous connaissez certainement l'histoire entrevue entre Bodhidharma et l'empereur. L'empereur Wu pensait être un excellent bouddhiste, ayant élevé des centaines de stupas, fondé des temples, etc. Il demande à Bodhidharma quels mérites allait-il gagner avec tous ces dons.
Bodhidharma lui répond « Aucun mérite ! »
Dans la suite de l'histoire, Bodhidharma, qui s'est en quelque sorte opposé au bouddhisme officiel, montre le vrai bouddhisme : il passe 9 ans dans une grotte et attend un disciple, avec lequel on peut penser qu'il a continué à faire zazen.
Il ne s'agit pas de ne pas construire de temples, fonder des associations et des dojos, etc. Mais l'essence de notre pratique est la transmission de personne à personne. On n'écrit pas de textes, des circulaires spirituelles, ce n'est pas un bouddhisme « administratif », c'est un bouddhisme « non-écrit ». On est présent avec les gens, au milieu des autres, on reçoit leur transmission par contact direct et on transmet ce que l'on a compris par contact direct.
Maître Deshimaru explique bien dans son commentaire le mot « intimement », mitsu en japonais. Sekitō, l'auteur du Sandōkai, était un disciple de maître Eno. Eno eut un autre disciple, Nangaku, qui eut lui-même pour disciple Bashō. Plus tard, de cette branche Nangaku-Bashō est né le zen rinzai.
Maître Deshimaru dit que Bashō était très intelligent, qu'il aimait les discussions et les débats. De l'autre côté, dans l'autre branche, Sekitō faisait juste zazen, il pratiquait sur une grande pierre plate, d'où son nom qui signifie « pierre plate ». Bashō, qui avait un temple de l'autre côté du lac, l'estimait tellement qu'il lui envoyait régulièrement des disciples. Sekitō ne cherchait pas tellement le débat, le contact, le combat pourrait-on dire. De là vous voyez surgir notre branche, le zen sōtō.
Dans le zen rinzai, la transmission de maître à disciple est un peu particulière. Le maître donne des épreuves au disciple, des kōan. Le disciple réfléchit énormément et à un moment donné c'est kensho, il comprend. Alors le maître lui donne un nouveau kōan et ça continue ainsi.
Ce n'est pas du tout comme cela dans le zen sōtō. Jōshū a été tenzo pendant vingt ans avant d'être maître à son tour. Ejō a été le secrétaire de Dōgen pendant vingt ans. Deshimaru, de son côté, a suivi Kōdō Sawaki jusqu'à sa mort. Il n'a été ordonné moine que lorsque Sawaki était sur le point de mourir.
Cette intimité n'est pas une question de relation particulière, de proximité. On suit le maître, c'est tout. Il n'y a pas de cérémonie, pas de combat. Il peut y avoir des évènements hors du commun dans cette relation, mais on ne les recherche pas particulièrement.
Ce que nous pratiquons est déjà là. Pas besoin de créer un état d'esprit spécial ou des épreuves particulières. Quand il arrive dans le dojo, le disciple ne sait pas où regarder. Le maître lui indique une direction, le disciple tourne la tête et c'est tout. Ça commence comme ça, ça continue comme ça.
Contact
Si vous souhaitez réagir à ce kusen, vous pouvez nous contacter via le formulaire ci-dessous.